mardi 20 mars 2018

Je suis une pierre # Pauline Vareille


Août 2017

JE SUIS UNE PIERRE


Je suis une pierre pleine de souffre et de bitume,
Je suis une pierre plantée là haut milieu,
Remplie de lave et de gaz, étoile arrachée aux autres,
Je suis une pierre amassée, ramassée, déposée, jetée,
Témoin des déchirures et de l’absence,
Je marque le nom de ceux qui ne sont plus.
Je suis une pierre, d’ébène ou de marbre, de souffle et de blizzard.
Je suis une pierre, muraille étrangère à ce pays.
Je suis une pierre qui regarde à l’infini,
J’écoute le battement sournois de la terre qui m’ensevelit.
Je suis une pierre en attendant la main fatiguée qui donnera un mur à ce refuge.


Pauline Vareille est née en 1985, après avoir travaillé 10 ans à Grenade (Caraïbes) à planter des cacaotiers, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture.

Idées constellaires # Pauline Vareille


Août 2017

IDÉES CONSTELLAIRES


L’anneau de Pluton confus dans mes pensées
La foudre dans mon corps
La pluie dans ma peau
Le givre sur ma bouche
Le vent dans mes veines
Le brouillard de mes mots.


Pauline Vareille est née en 1985, après avoir travaillé 10 ans à Grenade (Caraïbes) à planter des cacaotiers, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture.

Corps - fusion # Pauline Vareille


Août 2017

CORPS - FUSION


Je corps sain
Tu corps beau
Je corps diable
Nous corps à corps
Tu m’en corps dé
Je corps loré
Tu corps enseveli
Je corps nu
Tu corps fu
Je corps lu
Nous nous corps encore
Je te Corcovado
Je te corps encore
Tu me corps ovale
Je te corps barbelé
Je te corps étreint
Tu corps cendre
Je corps encore à toi
Tu corps silence
Je corps danse
Tu corps ami
Je corps amant
Tu corps mort
Je corps à vie
Tu corps sistant
Je corps morant
Tu corps équivoque
Je me corps à ma muse
Tu corps corné
Je me corps encore à toi
Tu te corps peau
Je te corps clos
Tu me corps nifère
Je te corps lorant
Nous nous corps encore


Pauline Vareille est née en 1985, après avoir travaillé 10 ans à Grenade (Caraïbes) à planter des cacaotiers, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture.

Vrai-semblant # Pauline Vareille


 Août 2017

VRAI-SEMBLANT


VOCIFERER des paroles vraies
T’entendre clamer la vérité
Vérifier par A + B
La véracité de la science
ET L’ABSENCE
Est-elle vraie ?
Vraisemblablement je m’y méprends
A + B + C
Vrai–semblant l’ombre de ton doute
VRAI VRAI VRAI
MENT MENT MENT
Le vrai et le mensonge
Le songe de ton mentor
La question avant quoi ?
A + B + infiniment grand
La question avant que la vérité n’ait existé


Pauline Vareille est née en 1985, après avoir travaillé 10 ans à Grenade (Caraïbes) à planter des cacaotiers, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture.

Sombre # Pauline Vareille


Août 2017

SOMBRE


Sombre été
Entre les murs
Enfermé contre moi
Enfermé en moi
Moite cellule de mon corps étalé
Moi, seul
Solitude, Reviens – ici
Ici ou tout commença
Tout ou rien
Rien de ma tristesse ne s’effondrera
Tout s’effondrera fort, lentement, totalement.
Le mur de tes idées.


Pauline Vareille est née en 1985, après avoir travaillé 10 ans à Grenade (Caraïbes) à planter des cacaotiers, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture.

Exil # Pauline Vareille


Août 2017

EXIL


Exil
Avant ou après
Exil pendant
Pendant longtemps
Exil d’un exil exilé
Avant/ après
Exil pour toujours
Exil d’un jour
Et puis d’un autre
Exil de mon corps
Contre le tient
Exil de ta bouche
De mes papilles contre les tiennes
Exilement loin
Exil qui s’attache à moi, à mes pieds, à mes crampes, à ma sueur, à mon cou, à ma rage
Exil de la lumière laissée
Exil en attente de se retrouver.


Pauline Vareille est née en 1985, après avoir travaillé 10 ans à Grenade (Caraïbes) à planter des cacaotiers, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture.

Tic-tac-tic-tac # Pauline Vareille


Août 2017

TIC-TAC-TIC-TAC


Insomnie
Ni la nuit, ni le jour
Jouer à s’endormir
Mourir ou dormir
Militant de la vie
Vivre jusqu’à l’insomnie
Tic-tac-tic-tac
S’entremêler aux draps
Draper de ton amertume
Amer fièvre de toi
Toiser la pénombre de ton corps
Caresse en fuite
Fuir le temps
Tic-tac-tic-tac


Pauline Vareille est née en 1985, après avoir travaillé 10 ans à Grenade (Caraïbes) à planter des cacaotiers, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture.

Miel # Pauline Vareille

Août 2017

MIEL


Ecoutant ton cœur
J’ai senti
Ton odeur miel


Pauline Vareille est née en 1985, après avoir travaillé 10 ans à Grenade (Caraïbes) à planter des cacaotiers, elle se consacre aujourd'hui à l'écriture.

Je suis un autre que moi… # Lydia Paul


Décembre 2017

JE SUIS UN AUTRE QUE MOI…


Je suis un autre que moi, glacial beau et complètement déjanté.
Il a peur du regard des autres, impossible de savoir pourquoi.
Je suis un autre que moi, au coucher du soleil apaisé il s’endort happé au fond de la nuit.
La paisible fureur lisse sa peau, le poil se plie à ses exigences tactiles.
Je suis un autre que moi, un chien un loup aux abois. La sueur le rend moite au toucher, il halète sa race.
Je suis un autre que moi, aux yeux farouches, des yeux qui scrutent et s’accrochent à toi.
Je suis un autre que moi, qui pourrait être moi quand je renonce à toi qui te poses tant de questions, à celui à celle et ceux qui se retrouvent en lui com’ en écho révolution.
Je suis un autre que moi, qui se sauve vers un infini proche à portée d’illusions. En vainqueur il agit, les bras à l’abandon.
Je suis un autre que moi, qui revient à ses doutes sans répits ni relâches, ses pas sont guidés com’ le félin sorti de sa cage. En souplesse il s’en va sur les déroutes.
Il fuit l’horreur, il hait la violence en lui, les doutes …
Je suis un autre que moi, glacial beau et complètement désenchanté.
Je suis un autre que moi, déchiré, éparpillé au vent, tombe une feuille sur son veston, c’est l’automne dans le salon.
Il se reflète sur cette vitre le regard suspendu aux lèvres tiennes.
Il est celui que tu attends, tu l’aimes. Sa main ratissant traîne.
Je suis un autre que moi, son giron ne montre rien de ses tourments ses déchirures en armure, il se défend. Il se perd à tes rires, il crie dedans tu ne peux l’entendre.
Je suis un autre que moi, il sort de temps en temps de ses gongs, il vibre dans ce corps qui s’est pendu un jour trop long à ta nuque soumise.
IL est un autre libéré de ce faux-semblant troublant de vérité, il est le fils, il est le gendre, un homme de bonne volonté, qui renait de ses cendres.

Je suis un autre que moi, jovial beau et complètement désarmé.


Lydia Paul

Belle de nuit # Lydia Paul


Février 2018

BELLE DE NUIT


Et supposons que nous réussissions à nous croiser
Ou à croiser nos regards, je veux dire
                                                                             
La lune de sa pâle fragilité, touche mon cœur en plein
De sa puissance aux reflets dorés
De sa semblance de tristesse au doux regard perdu
Empli de ce sourire désabusé, je veux dire
Rayonnante, calme et si forte à la fois
Au point de perturber les âmes sensibles
Si bien qu’elle diffuse sa clarté aux étoiles, à la nuit
En veilleur de nos songes et de nos insomnies
A cette gardienne de secrets endormis
Elle fait le quart ou l’entier de sa présence, je veux dire
Elle force le respect, puis s’estompe au matin
Mais elle reste là planquée dans les nuages, je veux dire
A l’ombre de l’astre chaud
Diaphane elle attend son heure
Pour reprendre de sa couleur opaline
Câline, enjouée la revoilà plus captivante que jamais
Je veux dire mon admiration à cette belle de nuit !


Lydia Paul

Tout se rejoint # Laetitia Massy


Mars 2018

TOUT SE REJOINT


J'ai trois choses pour toi, deux petites et une immense. Ou deux immenses et une petite, ça dépend de la façon dont tu vois les choses.
Un diamant, c'est un caillou.
Un caillou qui vaut de l'argent.
L'argent, ce n'est que du métal.
Ou du papier, comme celui sur lequel je t'écris.
Ou comme celui de ta liste de courses. N'y a-t-il pas une certaine poésie dans l'énumération de tes produits de première nécessité ?
Farine.
Tomates.
Œufs.
Riz.
Dentifrice.
P.Q.
            P.Q.
            Deux lettres qu'on laisse toutes seules comme si elles nous faisaient honte.
C'est aussi du papier, tu vois, tout se rejoint.
Si je te donne un diamant, un papier et un rouleau de P.Q. apprécieras-tu tous mes cadeaux ? Jetteras-tu ceux qui te paraissent avoir le moins de valeur ?

            …Pourquoi faut-il toujours hiérarchiser les choses ?


Née en 1992 à Thionville, Laetitia Massy aime lire et écrire pour s'évader.

Charabia # Lydia Paul


Février 2018

CHARABIA


Un char à bar, bar à chat je veux dire que les chats boivent aussi, ils ont soif je veux dire qu’ils sont assoiffés d’eau, non de lait, je n’ai pas dit dent de lait, je veux dire que les souris aiment les dents de lait et le chat surveille les souris qui les dérobent, je veux dire que sous les oreillers, com’ sous les oreilles dort caché, que l’enfant a posé, la dent.  Pas la dent de souris non, je veux dire celle de l’enfant et le chat a envie de se désaltérer tant il attend.
Alors où trouver un bar à chat dans ce charabia ? Qu’importe pour ce matou, vu les circonstances, où que ce soit, je veux dire les chiens en ont déjà des bars à chiens c’est pas du baratin, je veux dire que c’est la mode du baratoutou mais pas du baraminou, je veux dire si parmi nous vous connaissez des baramatous dites où au minou.
Je veux dire que l’enfant est prioritaire pour son sou de dent, dehors, de lait, enfin celle qui tombe, remplacée par une jolie mystérieuse quenotte à la blancheur irréprochable, je veux dire la tradition veut que la souris soit complice des parents, des amis, pour offrir une piécette au môme. Je veux dire aux chats de bien vouloir aller au bar le temps que jeunesse se passe, puisque dodeline la dent, puis la ramasse notre amie souris sous l’oreiller du bambin lui aussi content. Tout ça parce que le chachacha frénétique en musique est fait le soir, quand le chat sans nuit ne dort, il reste aux aguets. Je veux dire filez au lit bande de chasseurs nocturnes à crocs, je veux dire allons y tous au bar à chats où les souris dansent le chachacha avec le butin enfantin, je veux dire qu’au bar à chats quand il n’y est pas… le matou vu…


Lydia Paul

Hotte de Laponie # La Belle au bois dormant

Mars 2018

HOTTE DE LAPONIE


j’ai trois choses pour toi, deux petites et une immense
molécule triangulaire
d’une chimie salutaire
un présent présentable, acceptable, gage de vie commune à l’amiable.
premier atome : la patience, tissée fil à fil, filée comme une métaphore.
aiguisée, effilée, pour ne pas te laisser filer de ma toile fine,
pour ne pas perdre le fil de notre histoire.
deuxième atome : la parole, qui jaillit ou se tarit,
qui fuse ou se refuse, doit infuser parfois,
se perfuse quand tu ne parles pas,
s’use aussi quand elle discourt trop sur le « moi ».
troisième atome coronal : l’Amour, l’Immense, dense,
troisième présent lié aux deux autres
il est à leur botte,
ne surgit pas d’une hotte de Laponie.
le troisième élément,
le Graal que l’on poursuit, fait envie
durant toute une vie
la flamme qui luit, reluit, fine, énorme,
le Précieux à atteindre, étreindre
elles sont pour toi
deux petites choses et une immense,
mais pourquoi faut-il toujours hiérarchiser les formes ?


La Belle au bois dormant, née en 1971 à Thionville, elle redécouvre le plaisir d’écrire, est enchantée par Apollinaire.